jeudi 8 mai 2014

Salluste, La Conjuration de Catilina

Fiche d'œuvre
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Conjuration de Catilina
Salluste


  • Date de parution : - 44
Récit du complot de Catilina visant la prise du pouvoir, dénoncé par Cicéron (-63).

  • Genre : Historiographie
La période républicaine voit le développement de la littérature historique, qui s'oppose à l'idéal oratoire cicéronien, en rejetant l'éloquence et l'ornement. César (101-44), politicien avant tout, accompagne ses campagnes militaires contre les Gaulois avec les Commentaires sur la Guerre des Gaules (51), puis sa guerre contre Pompée par ceux sur la guerre civile (44), œuvres qui, sous l'extérieur de chroniques objectives, servent la politique et la personne de César et révèlent un écrivain sobre, précis et efficace. Salluste (87-35) fit davantage œuvre d'historien en tenant compte du contexte social et des causes morales des événements. Il analyse ainsi, dans un style d'un rythme très concis et posé, la conspiration manquée de Catilina en 63 dans sa Conspiration de Catilina, qui donne une autre version des faits que celle de Cicéron, et la guerre qu'entreprend Rome de 111 à 105 contre le roi numidien, Jugurtha, dans la Guerre de Jugurtha. Cornelius Nepos (99-24) n'est qu'un popularisant qui inaugure le genre de la biographie anecdotique et condensée, avec les Vies des grands capitaines des nations étrangères et Vie de Caton l'Ancien.

L'œuvre de Salluste marque un progrès par rapport à ses prédécesseurs, les annalistes, tant pour la force narrative que pour la méthode historique : il s'efforce d'expliquer les causes des événements politiques et les motivations des acteurs de l'histoire. Il a certes ses faiblesses : la chronologie et la géographie sont imprécises et souvent fautives ; il n'est pas impartial : il prend parti pour les populares aux dépens des nobiles. Il est cependant capable de reconnaître les mérites de ses adversaires et les défauts de ses amis. Ses personnages sont peints avec force, tout particulièrement Jugurtha et Catilina, Marius et Sylla.
Les critiques antiques ont relevé les caractéristiques de son style : l'usage des archaïsmes et des néologismes, une concision proche de l'obscurité, des tournures grecques. On peut déceler chez S. un certain pessimisme psychologique.
S. fait preuve d'une sévère puissance d'expression, mordante et agressive. Imitant Thucydide, il a tendance à généraliser les événements. Archaïsme et rhétorique, assymétrie et antithèse, dramatisation des événements politiques, caractérisent sa plume. De Caton l'Ancien il a consciemment imité le style robuste et archaïque. (– Encyclo. Britannica)

  • Sources et postérité :
- Rénovateur de l'historiographie latine, il a pris modèle sur deux illustres prédécesseurs : Thucydide et Caton le Censeur.
- Il a influencé les historiens postérieurs, notamment Tacite.

  • Éléments biographiques :
- 86 → - 35 Historien romain, l'un des grands stylistes latins.

Issu d'une famille libre de souche plébéienne, obscure, mais probablement aisée, questeur en -55, tribun de la plèbe en -52, il soutient le parti des populares, soutenus par Jules César et Pompée, contre les optimates, de Titus Annius Milon et Cicéron, auquel il s'attaque ouvertement. Lors du procès des meurtriers de Clodius Pulcher, chef des populares, il prend ouvertement parti contre Milon, accusant ce dernier d'avoir tué Clodius de ses propres mains.
Ami de Jules César, il est chargé de mener la flotte romaine en Illyrie. Salluste est alors exclu du Sénat romain pour immoralité en -50. Il est battu par les pompéiens (-49).
De nouveau questeur, Salluste peut réintégrer le Sénat. César lui confie un commandement en Campanie, dont les légions se sont mutinées. Il y est battu.
Le domaine politique lui convient mieux : élu préteur en -47, il accompagne César en Afrique et, par ses talents, se voit confier le gouvernement de la nouvelle province romaine de Numidie (-46 – -45).
Après l'assassinat de Jules César en mars -44, voyant que la carrière politique se termine irrémédiablement, Salluste préfère se retirer de la vie publique et « profiter de la fortune que ses concussions lui avaient procurée » (Salluste, Les Belles Lettres, préface p. 12.)

Auteur de trois grands ouvrages, dont seulement deux nous sont parvenus entièrement.
- Autres œuvres : - La Guerre de Jugurtha : rapporte une guerre de Rome en Afrique du Nord
- Histoires : très incomplètes, elles traitent de l’histoire de Rome entre la mort de Sylla (-78) et la victoire de Pompée contre les pirates (-67).

  • Contexte historique :
  • L'oeuvre apparaît en -44, soit 19 ans après les événements relatés (-63).
  • S. soutient et sert militairement Jules César, meurt quelques années après l'assassinat de ce dernier.
  • Relation conflictuelles avec les nobles (parti des optimates), Cicéron et Pompée.

  • Structure :
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  • Enjeux et portée de l'œuvre :
Récit de la tentative de révolution mise en œuvre par Catilina en l'an 63 avant Jésus-Christ.

S. envisageait l'histoire de la Rome comme celle d'une dégénérescence, qui aurait commencé après la destruction de Carthage en l'an 146 avant Jésus-Christ.

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  • Citations :
« Omnis homines, qui sese student praestare ceteris animalibus, summa ope niti decet, ne vitam silentio transeant veluti pecora, quae natura prona atque ventri oboedientia finxit. Sed nostra omnis vis in animo et corpore sita est: animi imperio, corporis servitio magis utimur; alterum nobis cum dis, alterum cum beluis commune est. » (Incipit)

« Omnes homines, patres conscripti, qui de rebus dubiis consultant, ab odio, amicitia, ira atque misericordia vacuos esse decet. » (LI.1)
Il sied à tous les hommes, ô sénateurs, qui délibèrent de sujets douteux, de ne subir l'influence ni de la haine, ni de l'affection, ni de la colère, ni de la pitié.



Sources : Wikipedia.fr – Encyclopaedia Britannica – Préface de l'édition bilingue « Budé » de la Conjuration de Catilina de Salluste, de la Collection des Universités de France.

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