Fiche d'œuvre
*
Gorgias
Platon
- Date de parution : vers 380 avant Jésus-Christ.
Sans
doute peu après la fondation la fondation de l'Académie (387-386)
- Genre : Dialogue philosophique
Comme
presque toute son œuvre.
On
a pu mettre en rapport Platon avec Hérodote et Thucydide pour
comparer leurs positions au sein de la pensée et de la culture
grecques. (Tous trois reçoivent la qualité de prosateur de la part
de Polybe (-200 - -118), le plus grand historien grec de son temps.)
Comme ces deux écrivains, Platon s'intéresse en premier lieu aux
affaires humaines et à la politique, même s'il est loin de faire
œuvre d'historien comme eux de traiter de philosophie.
Contrairement
aux deux historiens, Platon cherche ce qui est toujours, alors que
Thucydide et Hérodote écrivent sur des réalités dont ils savent
qu'elles sont vouées à la destruction. Ainsi, bien que Platon
partage avec eux le souci d'éclairer le devenir, ce souci ne conduit
pas aux mêmes méthodes d'investigations du monde sensible, ni aux
mêmes causes explicatives. C'est dans les deux cas le même amour du
savoir qui pousse ces trois prosateurs dans leur enquête sur le
devenir. Pour Platon, la politique est la compétence philosophique
par excellence.
- Sources et postérité :
-
Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs,
notamment Socrate et des présocratiques (Parménide, Héraclite et
Pythagore), afin d'élaborer sa propre pensée qui explore des
domaines variés, notamment la métaphysique, l'étique, l'esthétique
et la politique.
-
Aristote, Epicure ou les Stoïciens, développèrent
une critique plus ou moins systématique de l’éthique, de la
théorie de la connaissance, ou de la philosophie politique de
Platon.
- Plotin et les Pères de
l’Église n’ont pas manqué de voir en Platon un philosophe,
quasi divin (Plotin), ou, en tout cas, une source d’inspiration
importante.
- Éléments biographiques :
-428
- -348
D'une
famille importante et aisée, Platon est le petit-neveu
de Critias et le neveu de Charmide, tous deux du Conseil des Trente
Tyrans, un régime de terreur imposé par Sparte pendant neuf mois, à
partir de -403, à la fin de la guerre du Péloponnèse.
D'une
grande richesse de style et de contenu, l’œuvre platonicienne
produit, sur de nombreux sujets, les premières formulations
classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie
occidentale. Chaque dialogue de Platon interroge un sujet donné. Sa
pensée n'est pas monolithique : certaines œuvres aboutissent à
des apories (contradiction insoluble dans un argument)
philosophiques, et ceux qui apportent une solution aux problèmes
posés ne constituent pas une réponse unique et définitive.
Platon
aurait écrit 35 dialogues. On les classe souvent de la façon
suivante :
- dialogues de jeunesse : tous les dialogues qui ne sont pas dans les deux suivants ;
- dialogues de maturité : Phèdre, Parménide, République, Théétète ;
- dialogues de vieillesse : Lois, Philèbe, Sophiste, Politique, Timée, Critias.
- Contexte historique :
- Disciple de Socrate, il ne fut
pas présent lors de sa mort mais dut fuir pour se protéger
lui-même.
- Contemporain de : Hérodote,
Thucydide, Socrate, les sophistes, Aristote et Démosthène.
Il vit : l'empire athénien
(“siècle de Périclès”), la guerre du Péloponnèse et
la démocratie athénienne et des sophistes qu'il critiqua
vigoureusement.
- Avant lui : les guerres
médiques
- Après lui : les conquêtes
d'Alexandre le Grand.
Chronologie au temps de Platon 1
429 Mort de Périclès
428/427 Naissance de Platon
421 La paix dite « de Nicias »
415 - 413 Expédition de Sicile (Alcibiade athénien, contre Nicias, part à la rescousse de Ségeste en Sicile.)
414 Alicibiade condamné pour sacrilège ; il rejoint Sparte.
412 L'empire athénien s'effondre.
411 1ère révolution oligarchique : les « Quatre Cents » cooptés se substituent à la boulè des cinq cents tirés au sort ; elle dresse le catalogue des « Cinq Mille » citoyens, désormais seuls détenteurs des droits civiques. Trouble et terreur à Athènes. Nouvelle défaite contre la flotte péloponnésienne amène la restauration de la démocratie, en 410.
408 Carthage reprend la Sicile, défendue par Denys, tyran de Syracuse.
407 Alcibiade se fait élire stratège.Athènes subit une terrible défaite. Alcibiade s'exile définitivement.
404 Capitulation d'Athènes. Réaction antidémocratique à Athènes. Lysandre et sa garnison spartiate imposent le régime de terreur et d'exception des « Trente », au sein desquels s'opposent Théramène le « modéré » et le très expéditif oncle de Platon : Critias (460-403). Le démocrate Thrasybule s'empare du Pirée et oblige les Trente à la fuite. La démocratie est rétablie sous le gouvernement des modérés influencés par Théramène.
400 Sparte rompt avec le Grand Roi. Guerre en Asie mineure.
399 Procès et mort de Socrate. Début plausible de l'activité littéraire de Platon.
388/387 Platon voyage en Italie du Sud (rencontre d'Archytas de Tarente, philosophe phythagoricien et stratgèe) ; puis à Syracuse, auprès de Denys Ier.
387 De retour à Athènes, Platon fonde l'Académie.
386 La paix d'Antalcidas met fin au conflit des Perses et de Sparte.
378 Sparte perd l'hégémonie par la deuxième Confédération maritime, un siècle exactement après la première.
376 Athènes maîtresse de la mer Egée.
367/366 Platon retourne à Syracuse à la demande de Dion, pour encourager Denys II à mener une vie philosophique. Il échoue.
361/360 Troisième et dernier voyage de Platon en Sicile auprès de D.II pour la même chose.
359 Philippe devient régent du royaume de Macédoine.
347/346 Platon meurt.
346 Paix dite « de Philocrate » entre le
Roi de Macédoine et les Etats grecs.
- Structure :
- Dialogue avec Gorgias : Définition de la rhétorique- ouvrière de persuasion- mais non une technique ; au contraire il s'agit d'un parasitisme.
- Dialogue avec Polos : L'inutilité de la rhétorique- la thèse paradoxale de S. : Commettre l'injustice est pire que d'en être victime,et ne pas être puni est pire que de subir son châtiment- Différence entre ce qu'on veut et ce qui nous plaît- le cas Archélaos- qu'est-ce qu'une réfutation ?- Preuve de la thèse paradoxale de S.- conclusion : l'inutilité de la rhétorique
- Dialogue avec Calliclès : La vie la meilleure- critique de l'intempérance- le pouvoir dans les affaires de la cité- la vie selon le plaisir défendue par Calliclès- argument contre : 1 - définition du plaisir, 2 - contrariété des vertus et de leurs contraires- analyse des plaisirs et recherche d'une compétence technique adéquate à la vie bonne- Calliclès rompt l'entretien : monologue socratique sur l'ordre et la convenance de l'âme bonne- application de l'hypothèse psychologique à la vie en cité- le mythe eschatologique
- Personnages :
Socrate :
n'a pour fin que de trouver la vérité et de la partager, tout en
visant et en faisant l'éloge d'une vie juste et bonne.
Calliclès :
Oligarque (homme politique)
Gorgias :
enseigne à ses élèves la rhétorique, « l'art de bien
parler », qu'il affirme être le meilleur de tous les arts
exercés par l'homme. Sophiste (enseignant et orateur) né vers 483.
« Dans le corpus
platonicien,
Gorgias est davantage présenté comme un rhéteur que comme un
sophiste, notamment parce qu'il ne semble pas avoir prétendu pouvoir
enseigner la justice [...]. Il incarne surtout aux yeux de Platon, ce
qui est cette fois le trait commun aussi bien à la rhétorique qu'à
la sophistique, la défense la plus vigoureuse de l'apparence ou de
l'illusion en lieu et place de la vérité. »2
Polos :
Disciple de Gorgias, auteur de nombre d'ouvrages mentionnés au cours
de différents dialogues de Platon. « Dans le Phèdre
comme dans le Gorgias,
Polos est discrédité comme un pâle imitateur de son maître.
L'intérêt de sa présence ici est évidemment d'accuser le lien
entre une forme de réflexion sophistique sur le discours (celle de
Gorgias) et l'usage politique qu'elle peut fonder (chez l'oligarque
Calliclès). Polos joue ainsi le rôle d'intermédiaire entre le
théoricien de la rhétorique et le politique qui, formé par un
Polos, fait un usage déplorable des recettes apprises. »3
- Sens et portée de l'œuvre :
Ethique et politique
En partant du thème de la
rhétorique, Platon traite finalement des conditions éthiques de la
direction des affaries de la cité ainsi que du meilleur mode de vie.
« Le Gorgias
veut être le protocole éthique d'un engagement politique : il
débat donc les conditions du gouvernement de soi et des autres. »
(Ed. Des Belles Lettres, 4e de couverture)
« Dans le Gorgias, […]
Platon poursuit les recherches éthiques (Qu'est-ce que la
vertu ? Quelles sont ses espèces et comment les acquérir ?) et
politiques (Comment bien vivre dans un cité ? Quelles sont les
conditions requises afin d'y exercer le pouvoir ?) qui
occupaient déjà l'Euthydème
et le Ménon. » (Introduction au Gorgias, J.-F.
Pradeau, Edition des Belles Lettres, « Budé »)
Le
Gorgias illustre
la recherche socratique d'une science du bien.
Méthodes de conduite du
raisonnement :
- méthode des conséquences,
qui consiste à examiner et à éprouver toutes les conséquences
d'une hypothèse ;
- méthode de division, qui
consiste à diviser l'objet que l'on cherche à définir, en
procédant à l'analyse des espèces et des différences qu'il
contient.
Le Bien, le
Beau et la théorie des Formes
Platon est
l'inventeur de la théorie des Formes, qu'on appelle plus communément
la théorie des Idées : celle-ci interprète le monde sensible
comme un ensemble de réalités participant de leurs modèles
immuables. La Forme suprême est, selon le contexte, tantôt le Bien,
tantôt le Beau. La philosophie politique de Platon considère que la
Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi.
- Citations :
Favorinus disait de
Lysias et de Platon : « Modifiez, ou supprimez une
expression dans le discours de Platon ; si adroitement que vous
fassiez ce changement, vous altérerez l'élégance : faites la
même épreuve sur Lysias, vous altérerez la pensée. »
(Aulu-Gelle, Nuits attiques,
L1, ch.V)
- Thèmes principaux et motifs :
Pouvoir et justice : Surtout le dialogue avec
Calliclès (481b-491d)
Le choix d'une vie juste
Sources :
Wikipedia.fr – Encyclopaedia Britannica – Gorgias, Les
Belles Lettres, Introduction de J.-P. Pradeau.
1Tirée
des notes critiques de J.-P. Pradeau in Gorgias, édition
des Belles Lettres, « Budé »
2
Notes critiques de J.-.P. Pradeau, Gorgias,
Ed.
Les Belles Lettres, « Budé »
3
Idem.
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